Souffrance au travail

Le travail des impératifs économiques, des conséquences réelles ...

Depuis un siècle, la pénibilité physique, liée par exemple au port de charges lourdes ou à des gestes répétitifs, laisse peu à peu la place à une souffrance psychique responsable d’état anxieux.  Cette dernière renvoie à une transformation durable du travail, qui a pris sa source dès les années 1970 avec l’ouverture des marchés à la mondialisation et qui perdure et se renforce d’année en année notamment depuis la crise de 2007.

De nombreuses études (Nasse Légeron, 2008 ; Samotrace, 2009) mettent en évidence un lien entre des contraintes liées à l’organisation du travail, sous l’égide d’impératifs économiques et financiers,  et un ressenti défavorable des salariés par rapport à leur travail. Ces contraintes appellent l’individu à répondre aux exigences de mobilisation, de flexibilité et d’adaptabilité  demandées par l’entreprise.
En plus de ces exigences, ces individus sont soumis à des problématiques de surcharge de travail, des contraintes excessives de temps de travail, des pertes de repères mais également du sens au travail, de l’individualisation …etc. L’essentiel de l’énergie est donc consacré à devenir productif et performant et ce dans de nombreux registres. On est dans une idéologie du toujours plus, dans une fuite en avant perpétuelle, avec parfois, trop souvent, un manque de reconnaissance des efforts fournis.
L’entreprise se voit davantage comme une machine économique rentable où la réalisation de performances boursières fait loi et où le management est axé sur la rentabilité, et non comme un cadre sécurisant où les individus peuvent se réaliser. De ce fait,  le décalage entre les individus et les exigences du travail est trop grand et dès lors un coût humain est le prix à payer.

Notre propos concerne un enjeu de taille. Celui d’apporter sa pierre à l’édifice d’une possible imbrication entre  la santé de  l’individu et celle de sa structure.

Enjeu d’avenir pour les entreprises désirant mettre en avant des conditions de travail propres à promouvoir un environnement social et individuel, où le bien être des salariés prime autant que les résultats économiques. Car si les hommes constituaient de fait pour la direction une ressource stratégique incontournable, les seuls enjeux économiques pourraient être dépassés et vus sous un axe différent. Axe où les salariés auraient un rôle prépondérant et où ils pourraient s’épanouir.

Isabelle Marchal
Psychologue à Amiens